bioBoboRando est un nom pour mettre en avant les sorties que nous faisons en transports publics (TP). Notre objectif est de montrer qu’il est possible d’aller en montagne sans voiture (cela présente même de nombreux avantages) car il nous semble important de diminuer nos émissions de CO2 afin de minimiser notre impact sur les changements climatiques.
Tout d’abord, vous trouverez des explications sur les liens entre émissions de gaz à effet de serre et changements climatiques, puis, quelques trucs pour aller plus facilement en montagne en transports publics et une mini réflexion sur pourquoi agir en tant qu’individu.
CO2 et climat

Depuis plusieurs décennies, le réchauffement climatique que nous vivons est dû à nos émissions de gaz à effet de serre, et non à un éventuel cycle naturel de la Terre ou du Soleil (Source: Météosuisse, températures annuelles).

Initialement, l’effet de serre (par les gaz à effet de serre) est un phénomène naturel qui laisse passer le rayonnement solaire et empêche le rayonnement terrestre de s’évacuer totalement dans l’atmosphère. Ceci permet de maintenir la température moyenne de la terre à environ 15°C. Aujourd’hui, cet effet est renforcé par nos émissions et la température augmente (Source: Météosuisse, climat mondial).

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter sans restriction, les températures moyennes suisses pourraient augmenter de 3.3°C en 2050. Cette augmentation pourrait se limiter à 0.7 à 1.9°C en diminuant fortement nos émissions de gaz à effet de serre. Ces deux scénarios sont présentés par la figure ci-contre. Il s’agit des émissions mondiales car le phénomène est global, nécessitant des efforts de tous (Source: Centre national de recherche sur le climat, scénarios d’émission et Centre national de recherche sur le climat, scénarios de température).

Les principales conséquences du changement climatique en Suisse sont les suivantes :
- Stress thermique plus important dans les villes et les agglomérations.
- Augmentation de la sécheresse estivale.
- Augmentation du risque d‘inondation.
- Diminution de la stabilité des pentes et augmentation de la fréquence des mouvements de terrain.
- Augmentation de la limite des chutes de neige.
- Détérioration de la qualité de l’eau, des sols et de l’air.
- Changement dans les habitats, la composition des espèces et le paysage.
- Propagation d’organismes nuisibles, de maladies et d’espèces exotiques.
(Source: Centre national de recherche sur le climat, les changements climatiques)
Transports publics et montagne
Nous parlons ici de nos expériences personnelles, notre but est simplement d’expliquer nos bons plans pour aller régulièrement en montagne en transports publics. Il s’agit de multiples habitudes que nous avons mis en place au fur et à mesure; certaines sont “techniques”, et d’autres se rapprochent plus d’un “mode de vie”.
Les bons plans techniques
- Nous prévoyons des activités pour le temps passé dans les transports publics.
- Lorsque nous faisons une traversée, nous commençons par le côté mal desservi pour finir du côté bien desservi.
- Nous habitons proche d’une gare centrale.
- Nous avons adapté notre répertoire de sortie à l’offre en transports publics.
- Nous faisons très rarement des sorties d’une journée, nous dormons souvent sur place.
- Nous nous déplaçons en étant léger, au maximum un sac de 35L, une petite valise à roulette et une petite paire de baskets. Ce qui implique également que nous planifions précisément la sortie de façon à prendre le moins de matériel possible.
- Nous utilisons le service bagage des CFF pour envoyer du matériel là où nous le souhaitons.
Les habitudes de vies
- Nous habitons à maximum à 30 minutes à pied d’une gare centrale.
- Nous avons un abonnement général mais pas de voiture.
- Nous travaillons à temps partiel.
- Nos charges financières sont faibles.
- Nous évitons les sorties de moins de deux jours.
Par rapport aux déplacements, cette organisation de vie présente de multiples avantages et quelques inconvénients.
Avantages
- Nous gagnons beaucoup de temps; avec les activités que nous faisons pendant les déplacements et en combinant plusieurs sorties sur une même période.
- Les trajets sont reposants; pas de conduite, pas de bouchon.
- Flexibilité; nous avons accès à de nouveaux itinéraires en traversée, nous pouvons choisir de descendre ou nous voulons, sans obligation de revenir à notre point de départ.
- Nous limitons les nuisances liées à nos déplacements; C02, mais aussi le bruit, les autres gaz à effet de serre, la place sur le territoire, etc.
Inconvénients
- Les trajets sont plus longs.
- Certains lieux ne sont pas ou mal desservis.
Les bons plans techniques
Nous prévoyons des activités pour le temps passé dans les transports publics, car contrairement à la voiture il n’y a pas besoin d’être attentif. Cela peut être le petit-déjeuner, lire, répondre aux mails, préparer les prochaines sorties, écouter de la musique, dormir, discuter, etc. Finalement, même si le trajet est plus long qu’en voiture, nous arrivons toujours à destination reposés et sans avoir l’impression d’avoir perdu notre temps.
Lorsque nous faisons une traversée, nous commençons par le côté le moins bien desservi car nous pouvons facilement adapter nos horaire en partant et nous finissons par le côté bien desservi, ce qui me permet d’arriver à l’heure que nous voulons en bas car il est difficile de prévoir exactement l’heure de fin d’une sortie.
Nous rejoignons la gare à pied, mais selon où nous habitions nous y allions aussi à vélo (en accrochant les skis sur le sac ou sur le vélo), ou en Taxibus (une offre des transports publics lausannois pour atteindre la gare de Lausanne en dehors des heures de fonctionnement du réseau). Il est aussi possible de rejoindre la gare la plus proche ou la périphérie de la ville en voiture et de payer un parking.
Nous avons changé notre répertoire de sorties en l’adaptant à l’offre de transports publics. Il est clair que certains endroits sont plus difficiles à atteindre en transports publics, mais il en reste beaucoup qui sont bien desservis. De plus, profiter de la flexibilité des transports publics permet de faire des traversées, même sur un jour, par exemple en les combinant avec les remontées mécaniques. Les possibilités sont ainsi augmentées. Les applications et sites internets des CFF et de swisstopo sont pour cela très utiles, avec notamment l’indication des itinéraires de ski de randonnées et des arrêts de transports publics. En parallèle, la possibilité de pouvoir redescendre partout est un gain de sécurité car il n’y a pas d’obligation de revenir au point de départ pour récupérer la voiture, la pression sur la réussite de l’itinéraire est ainsi minimisée, tout comme les risques.
Nous combinons des activités, de façon à ce qu’elles soient cohérentes en matière de trajets et de matériel. Nous nous déplaçons au maximum avec un sac à dos moyen (32L) et une petite valise à roulette et nous utilisons le service bagage des CFF pour obtenir ou renvoyer le matériel selon les besoins. Par exemple; une haute route de six jours entre Disentis et Ilanz (GR), puis, le train pour aller quatre jours au val Bedretto, en récupérant au passage une valise avec du matériel et des affaires de rechange à la gare d’Andermatt. Nous gagnons ainsi 6 à 8h de trajet, que nous pouvons utiliser pour organiser les sorties suivantes, lire, écouter de la musique, nous reposer, etc. De plus, nous nous déplaçons avec une paire de baskets légères, type minimaliste, qui prend peu de place dans le sac à dos. En effet, il n’y a rien de plus désagréable après une sortie de devoir rester dans ses chaussures de ski ou de montagne.
Un mode de vie?
En termes de mode de vie, nous sommes bien conscient que les points qui suivent sont délicats d’un point de vue organisationnel et financier. Nous les exprime toute de même car c’est en partie par ces habitudes que nous pouvons nous déplacer facilement en transports publics et même les trouver bien plus confortables que la voiture.
Certains de ces points peuvent être adoptés moyennant des efforts “acceptables” mais d’autres nécessitent un investissement fort. Ils peuvent véritablement représenter un changement de mode de vie, aussi, une possibilité pour les adopter est de profiter de moments de ruptures tels qu’un déménagement ou un changement d’emplois.
Repenser notre temps
Il n’y a pour l’instant pas de miracles; les transports publics pour aller en montagne sont souvent plus lents que la voiture, ils ne desservent pas toutes les destinations, la première correspondance peut être trop tard par rapport au problème de chaleur, ou encore, au retour, il faut attendre le bus deux heures. Tous ces points rendent les transports publics contraignants et nous nous sommes adaptés au fur et à mesure.
Nous évitons les sorties courtes, où le ratio temps d’activité/déplacement est trop faible, par exemple pour aller grimper une demi-journée, ou une soirée. En réalité, nous ne faisons presque pas de sorties de moins de deux jours. Quand nous avons un petit moment de libre, nous choisissons d’aller grimper en salle, courir ou de faire tous ses trucs administratifs casse-pied pour ensuite nous libérer des périodes libres contiguës plus longues, ce qui diminue beaucoup le stress général.
Nous travaille à temps partiel et nos charges financières sont faibles. Nous n’avons pas de voiture, nous habitons dans un petit appartement, nous dépensons peu pour notre matériel de montagne et nous n’avons pas d’enfants (et donc aussi plus de temps…). Nous avons ainsi régulièrement 3 à 4 jours de libre à la suite par semaine.
Repenser notre logement et nos déplacements
Nous habitons volontairement proche d’une gare centrale, maximum 30 minutes à pied, nous avons un abonnement général (AG) mais pas de voiture, nous dormons régulièrement à l’extérieure et nous louons une ou deux fois par année une voiture sur le lieu de séjour.
En terme de coût, ils sont similaires à l’option “voiture” (2 AG = 7720CHF et 20’000km/an à 0.5CHF/km = 10’000CHF), mais ces choix nous procurent beaucoup de confort et de liberté pendant le voyage où nous nous sentons en itinérance, en voyage perpétuel, et non en train de courir après un but.
Il y a bien sûr le choix d’habiter en ville, avec son bruit et son béton. Mais il y a des quartiers calmes et vert où il est agréable de vivre, et nous faisons le pari que cela va augmenter dans les prochaines années. De plus, comme nous passons souvent du temps dehors, être trois-quatre jours par semaine en ville ne nous dérange pas, c’est au contraire pratique pour de multiples activités.
“Mais le monde entier pollue ?”
Oui, et nous les premiers. Nous essayons simplement de limiter nos consommations et donc nos émissions; nous tentons de manger local, nous ne prenons pas l’avion, nous nous déplaçons essentiellement en transports publics, etc. Mais nous allons 2-3 fois par année en voiture en France ou en Italie, nous mangeons un peu de viande, nous achetons du matériel technique pour aller en montagne, etc. Il y a une ligne d’équilibre que nous nous sommes fixée.
Nous pourrions toujours faire mieux, aussi nous sommes forcément en contradiction avec le zéro émission car c’est (presque) impossible dans le monde actuel sans aller se cacher dans une grotte et tenter l’autonomie. Et encore, si nous faisions tous ça, il n’y aurait pas assez de grotte en Suisse…
Ainsi notre ligne d’équilibre nous permet de vivre sans que nous ayons l’impression de nous priver tout en nous sentant à l’aise avec notre niveau de consommation, en matière d’émissions et de ressources vis à vis des autres parties du globe et des générations futures.
Nous sommes bien conscient que noter comportement n’aura (presque, presque,…) aucun impact sur les changements climatiques. Mais cela reste tout de même une histoire d’individus, qui en agissant en société, peuvent résoudre un problème mondial. Preuve en est que les gouvernements et l’économie se dirigent de plus en plus dans cette direction.